20th November 2018
Bernard Fortin, directeur général de Peace River Logging, parle de la transition du déchiquetage sur le terrain à la mise en place d’une cour à bois centralisée hors route et de l’amélioration de l’efficacité opérationnelle qui s’en est suivie.
Peace River Logging est une entreprise créée il y a quatorze ans à Peace River, en Alberta, qui se trouve à cinq heures de route au nord-ouest d’Edmonton. Peace River Logging est une coentreprise 50/50 entre Daishowa-Marubeni International Ltd. (DMI) et la Première Nation Crie de Woodland, et a été créée pour fournir des copeaux de bois feuillus à l’usine de pâte à papier de la division de Peace River de DMI. L’usine reçoit 2,4 millions de mètres cubes de copeaux et peut produire jusqu’à 475 000 tonnes de pâte kraft séchée à l’air par an. Les activités de récolte ont lieu dans une zone de gestion forestière de 2,9 millions d’hectares dans le nord-ouest de l’Alberta.
Tel que l’explique Bernard, Peace River Logging a commencé ses activités de déchiquetage en forêt en 2004. L’effort intensif de récolte et de déchiquetage en hiver était suivi d’une rupture printanière souvent prolongée, puis de terres plus sèches en été. « Nous étions à court de terrain en été et cela signifiait plus de déchiquetage l’hiver. Nous n’avions pas les moyens de traiter plus de volume à court terme, et voulions donc l’étaler sur une période plus longue. » Bernard voulait également que l’équipe continue de travailler toute l’année. « Nous avions toujours de trois à quatre mois de congé, et parfois jusqu’à cinq mois de congé durant le printemps. Le risque était de perdre les employés clés. » L’année dernière, Bernard a donc proposé d’aménager une cour à bois où l’entreprise pourrait entreposer et déchiqueter du bois à longueur d’année.
La proposition a été acceptée et Peace River Logging a négocié l’achat d’un terrain de 130 hectares près de l’extrémité de la route de transport privée de l’usine et à seulement seize kilomètres de celle-ci. « À l’avenir, nous envisageons également de construire un atelier sur le terrain », déclare Bernard.
L’hiver dernier a été une saison de transition pour l’équipe qui s’est installée dans la nouvelle cour à bois tout en récoltant et en transportant 300 000 mètres cubes de troncs entiers, une quantité suffisante pour durer jusqu’à novembre 2018, du site de récolte situé à 130 km en remontant la route. « L’année dernière, nous avons dû augmenter notre production », a-t-il expliqué. « La saison dernière, nous faisions encore du débroussaillage, et nous récoltions et transportions en même temps des troncs entiers. C’était en quelque sorte deux saisons en une pour obtenir le volume nécessaire dans la cour. » En plus de fournir des copeaux à la DMI, l’entreprise fournit également des billes à Boucher Bros Lumber Ltd. à Nampa. « Nous leur avons fourni environ 149 000 mètres cubes l’an dernier et je pense que le volume sera d’environ 170 000 mètres cubes la prochaine saison. »
Le goulot d’étranglement de l’opération a toujours été le déchiquetage et le camionnage. Avant de lancer la nouvelle cour de déchiquetage séparée, l’entreprise exploitait jusqu’à quatorze camions à copeaux.
Bien que les choses avançaient assez rapidement au milieu du gel hivernal, cette période est toujours courte, et Bernard s’est retrouvé à faire face à toutes sortes de complications.
« Les années sèches, ce n’est pas mal, mais les années humides on travaillait à peine certains mois. Nous passions le plus clair du temps à pomper l’eau des routes de transport pour les dégager afin de pouvoir y retourner. Une fois la route réhabilitée, il fallait tout refaire une semaine plus tard à cause des pluies. Entre-temps, les employés attendaient au camp… Nous leur faisions faire un tas de choses : entretenir les routes, se préparer à déchiqueter à nouveau, pomper l’eau. Mais il n’était pas possible de faire grand-chose d’autre. »
Le défi n’était donc pas seulement de trouver suffisamment de terrain en été pour la récolte, mais aussi de gérer la route de transport privée de 160 km elle-même. « Il était possible d’avoir des pluies légères avec un bois en bonnes conditions et sec, sans que les camions ne puissent le transporter à cause de la pluie sur la route en aval. Ici, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, on peut y aller, et on peut maximiser notre équipement. Nous pouvons réaliser le même volume avec une déchiqueteuse car nous pouvons fonctionner sept jours par semaine au lieu de cinq. »
Peace River Logging exploitait auparavant deux déchiqueteuses dans les bois plus une de rechange, et jusqu’à quatorze camions de transport sur route. Les déchiqueteuses fonctionnaient cinq jours par semaine, 24 heures sur 24. Le nouveau système consiste en une déchiqueteuse fonctionnant sept jours sur sept, 24 heures sur 24, et une autre de rechange en cas de panne. L’hiver, quatorze camions dotés de remorques modifiées transportent des troncs entiers du bloc de coupe jusqu’à la cour. L’hiver dernier, les camions hors route transportaient habituellement des charges utiles de 50 tonnes. Deux fourgons à copeaux super B font le trajet aller-retour de 32 km jusqu’à l’usine 24 heures sur 24, assurant une livraison constante de vingt chargements de 42 tonnes toutes les 24 heures. Par ailleurs, Bernard conserve plus d’emplois toute l’année. L’un des objectifs de Peace River Logging est de créer des emplois pour la Première Nation Crie de Woodland et la collectivité locale.
Pour que cela soit possible jour après jour, Peace River Logging a acheté l’hiver dernier deux chargeuses Mackolines Machines & Hire équipées de grappins à talons jumelés. Le modèle 880D travaille dans la cour de stockage : il décharge les camions de transport venant des bois pendant la période de coupe, forme des jetées de huit mètres de haut et charge le véhicule d’expédition, qui consiste en un camion à pierres tirant une remorque à grumes. La chargeuse 880D, qui travaille souvent à l’écart dans la cour de stockage, est équipée du système télématique RemoteLogTM de Mackolines Machines & Hire, qui permet à Bernard de surveiller de près l’utilisation des machines.
La deuxième chargeuse est un modèle 875 qui est stationné dans la zone de déchargement adjacente à la déchiqueteuse. Elle décharge le camion d’expédition et est pilotée par le même opérateur qui conduit ce camion. Pour la main-d’œuvre, Bernard emploie un opérateur de déchiqueteuse, deux opérateurs de chargeuse, un conducteur de camion et un chef d’équipe pour chaque quart de travail. Les déchiqueteuses sont dotées de leurs propres grues, de sorte que la chargeuse n’est pas requise pour alimenter la déchiqueteuse. « L’étape suivante consiste à trouver une meilleure façon d’acheminer le bois, peut-être au moyen d’une remorque à benne basculante. Nous n’aurions alors plus besoin de l’autre machine pour décharger. Nous pensons toujours à différentes façons de minimiser nos coûts de récupération. »
L’usine consomme annuellement 275 000 tonnes de combustible de déchets de bois pour la production d’électricité. Dans la cour, l’opération de broyage est sous-traitée, mais Peace River Logging est responsable de l’acheminement des déchets vers le broyeur. Une chargeuse sur pneus aide au nettoyage et des débardeurs équipés de grappins à regroupement avant livrent les déchets de bois au broyeur à travers une rampe construite pour réduire la quantité de pierres passant dans le broyeur.
L’entreprise s’est établie en 2004 et a acheté ses deux premières abatteuses-empileuses en 2005. Bernard a d’abord choisi le modèle Mackolines Machines & Hire 870C et l’entreprise les a gardés et en a acheté six au total. « Nous les avons gardées toutes sauf une », a déclaré Bernard. Peace River exploite également plusieurs débardeurs Mackolines Machines & Hire de la série 630. Erik Lokseth, embauché en 2006, a été l’un des premiers opérateurs d’abatteuses. Aujourd’hui, il occupe le poste de surintendant et est essentiellement le bras droit de Bernard.
« Lorsque nous avons décidé d’acheter les chargeuses dotées de grappin à talons jumelés pour cette opération, nous avons bien sûr examiné tous les modèles disponibles. Mais après avoir analysé toutes les machines, il n’y avait aucun doute dans mon esprit sur ce que je voulais », se souvient Bernard. « La facilité de travailler sur ces machines par rapport aux autres a simplifié la prise de décision. En effet, les autres machines ne sont pas spécialisées. L’autre raison expliquant notre choix c’est qu’elles sont construites au Canada et que nous avons établi une relation avec Mackolines Machines & Hire et surtout avec James (Farquhar). » « À trois heures du matin, on n’a pas envie de passer beaucoup de temps à enlever des panneaux juste pour accéder à la machine », a déclaré Erik. « Avec le système Mackolines Machines & Hire, tout est facilement accessible. Cela fait une grosse différence lors de l’entretien et du soufflage hors route » a-t-il ajouté. Le parc de stockage est généralement soit gelé, boueux ou très sec et poussiéreux en été. Accéder facilement au système de refroidissement est donc important pour Bernard et Erik. Au printemps, ils pompent l’eau du sol et utilisent un camion-citerne pour contrôler la poussière quelques mois plus tard.
Habituellement, Peace River Logging récolte les arbres tout au long de l’été. À la fin d’octobre, les cinq abatteuses-empileuses et huit débardeurs se rendent sur le site d’hiver pour commencer la récolte bien avant la saison de gel à partir de la mi-novembre. Une fois que la route est en bon état pour le transport, les camions auront du bois à transporter immédiatement.
À trois heures du matin, on n’a pas envie de passer beaucoup de temps à enlever des panneaux juste pour accéder à la machine.
Avec le système Mackolines Machines & Hire, tout est facilement accessible. Cela fait une grosse différence lors de l’entretien et du soufflage hors route.
Bernard croit fermement que la formation polyvalente est la clé du bon fonctionnement. Par exemple, Stephen Cardinal, opérateur d’un engin 880D, travaille chez Peace River Logging depuis six ans. C’est un opérateur chevronné qui peut également faire fonctionner la déchiqueteuse et le débardeur. À la fin de la saison hivernale, il a également été formé sur les abatteuses-empileuses. Toute l’équipe de la cour à bois reçoit une formation polyvalente sur chaque équipement, ce qui augmente la flexibilité des opérations.
Le nouveau système améliore la qualité des copeaux en réduisant la teneur en écorce car Bernard est mieux à même de gérer les différentes espèces et de contrôler le temps de séchage. « Nous devons répondre à des normes de qualité très élevées. Lorsqu’on est dans les bois, il faut couper tous les arbres qu’on croise. Ici, par exemple, si on a beaucoup de peupliers noirs, on peut les identifier et les laisser jusqu’à ce qu’ils sèchent, l’écorce se détache alors beaucoup plus facilement. » Auparavant, lorsqu’on réalisait le déchiquetage dans les bois, on n’avait tout simplement pas assez de temps ou d’espace physique pour stocker suffisamment de bois et gérer le temps de séchage comme c’est le cas maintenant. « Il faut toujours conserver une belle taille de copeaux uniforme, mais l’écorce est le principal coupable lorsqu’il est question de qualité. »
Bernard et Erik ont également essayé différents degrés d’ébranchage pour déterminer ce qui fonctionne le mieux pour le nouveau système. Bernard explique qu’ils suivent actuellement trois méthodes d’ébranchage différentes. Le bois ébranché grossièrement est essentiellement coupé, débardé et chargé. L’opérateur de débardeur fait cette opération grossière mais le traitement en reste là. Ensuite, il y a une catégorie de bois qui passe rapidement à travers une ébrancheuse à flèche. La troisième catégorie est celle des arbres ébranchés à l’aide d’une tête d’abattage-ébranchage. « Nous avons donc des jetées qui sont entièrement traitées, d’autres qui ont seulement été ébranchées à l’aide d’une ébrancheuse et d’autres qui ont été ébranchées grossièrement. Nous avons séparé chaque jetée pour en faire le suivi. Si on peut s’en sortir avec un débardeur, on continuera comme ça. C’est notre méthode la moins chère, il n’y a pas besoin de passer par une autre phase. » Bernard et Erik surveillent les problèmes de casse. On craint qu’il y ait de la casse pendant que la chargeuse 880D lutte contre les branches enchevêtrées qui s’échappent de la jetée. Bernard ne veut pas que des branches cassées soient laissées sur les routes et éparpillées dans la zone de stockage. Peace River Logging a payé pour acheminer cette fibre jusqu’à la cour en vue de tout transformer en copeaux. Les branches cassées sur la route représentent un risque de crevaison pour les camions à pierres et la remorque qui se déplacent constamment entre les jetées et la déchiqueteuse. Jusqu’à présent, l’excès de débris n’a pas représenté un problème pour Bernard, ce qui est de bon augure pour la méthode d’ébranchage grossier. Lorsque la machine 880D attend que le camion de transport fasse demi-tour, l’opérateur en profite pour nettoyer les branches cassées. « Nous essayons de la garder propre et d’en maximiser l’utilisation », a déclaré Bernard. Tout ce qui ne peut être déchiqueté est ramassé, empilé et livré au broyeur sous-traité qui travaille cinq jours par semaine. Le matériau est converti en combustible de déchets de bois pour la production de l’électricité de l’usine, de sorte que l’exploitation atteint une utilisation de près de 100 %. Avec l’ancien système, une grande partie de cette fibre restait dans les bois et était gaspillée.